Le mur nord
Ces peintures ont été réalisées vers 1150.
Les personnages sont figés.
Toutefois la palette de couleur est riche avec notamment du bleu (pigment lapis lazuli ? très cher à l’époque), différents ocres et oxyde de fer (couleur rouge foncé) et pour les traits noirs du charbon (fusain), de l’os et de l’ivoire calcinés. Ce registre est esthétique au premier regard et donne un bel ensemble cohérent.
Malheureusement, certains traits noirs ont disparu, les couleurs sont estompées et certaines parties fortement dégradées.
Il est vraisemblable que ces peintures romanes (ainsi que les gothiques) aient été réalisées « a fresco » (à la détrempe). La technique est la suivante : trois enduits à la chaux sont déposés successivement sur le mur, les peintures (pigments mélangés à du lait de chaux) sont appliquées sur le dernier enduit encore humide, environ douze heures après sa pose. Ce procédé à l’avantage de produire des peintures très résistantes dans le temps (elles sont protégées par le carbonate de calcium qui provient de réarrangement de la chaux hydroxylée avec le gaz carbonique de l’air, cette réaction chimique se fait sur des dizaines d’année voir des siècles), mais présente l’inconvénient d’être plus difficiles à mettre en œuvre (correction pratiquement impossible) comparé à une peinture déposée sur un enduit sec. Cette méthode pourrait expliquer la fragilité des traits noirs qui, mis à la fin de la peinture sur un enduit devenu trop sec, seraient mal fixés et ainsi disparaîtraient plus vite dans le temps.
A l’époque romane les scènes religieuses pouvaient faire l’objet de transposition et être imagées, voir le revers de façade.
Première travée
Annonciation
L’archange Gabriel est situé devant Marie.
L’archange Gabriel est situé devant Marie et il lui annonce qu’elle mettra au monde Jésus.
Les traits noirs qui entouraient les personnages et le rinceau jaune qui les sépare sont largement effacés.
Vue d'ensemble de la 2ème, 3ème et 4ème travée
Les scènes de gauche à droite sont les suivantes :
L’Annonciation, la Visitation (où il ne reste pratiquement que les deux visages à plusieurs mètres de hauteur cachés derrière un poteau et inphotographiables depuis le sol), la Nativité, l’Annonce aux Bergers et le Christ entouré d’anges montrant ses plaies.
Nativité
La Vierge est allongée et tend les bras vers l’Enfant.
Joseph est debout à droite.
Annonce aux bergers
Trois hommes séparés par un grand rinceau lèvent le visage vers un ange aux ailes déployées.
La peinture est très dégradée.
Détails de la tête d’un berger
Le Christ ressuscité
Le Christ ressuscité montre ses plaies dans une mandorle cruciforme:
Elle est entourée de quatre anges sonnant de la corne et d’anges portant les instruments de la Passion, à droite la couronne d’épines, à gauche peut-être le fouet.
Cette composition apporte toute son importance à cet ensemble roman
Détail de la partie droite
Un ange porte la couronne d’épine et joue de la corne.
En bas la femme qui lève ses mains vers le Christ est vraisemblablement la Vierge.
Les époux Pélissier citent P. Deschamp et M. Thibout (La peinture en France, le haut moyen-âge et l’époque romane éd. Plon, 1951), à propos des visages de Saint-Savin datés du milieu du XIIème siècle : « deux taches d’ocre rouge sur les joues, des lumières indiquées par des traits blancs… sur les sourcils, sous les yeux, sur l’arrête du nez, sur les lèvres supérieures… ».
On ne peut pas dire mieux pour les visages de l’ange et de Marie peints à Moutiers.