Le mur sud

Sous cinq arcades jaunes soulignées de rouge se situent trois personnages couronnés, imberbes, et vêtus de robe étroite au niveau des genoux.
Les deux premiers en partant de la gauche sont entourés par deux anges adorateurs, le troisième par deux saint hommes auréolés (le plus à droite est caché par le poteau).

A gauche, entre le premier ange adorateur et le premier personnage, il y a un chevauchement avec décor gothique représentant le meurtre d’Abel.
Sous les personnages de droite se trouve un animal fabuleux, ailé et crachant des flammes. Il est chevauché par un cavalier tenant une masse d’arme de la main droite et les rênes de la main gauche.

Pour M. Mourot, cette scène évoque la Sainte Trinité, à gauche Dieu le Père, au centre Jésus, et à droite le Saint-Esprit. L’animal fabuleux représente l’esprit du mal.

Sophie-Sarah Gasnier, (“Les peintures murales de Moutiers”, Archéologia, 309 (Février 1995), p. 34-41) propose comme hypothèse les trois premiers rois d’Israël : Saül, David et Salomon. David à l’origine de la lignée qui aboutit au Christ serait le personnage central le plus grand. Elle ne donne pas d’interprétation pour l’animal fabuleux.

Cependant pour ces personnages couronnés du registre supérieur, les robes étroites et l’absence de barbe ne permettent pas de déterminer formellement leur sexe. S’il s’agit d’hommes, ils pourraient aussi s’agir de rois carolingiens ou capétiens. Vers 1150, régnait Louis VII, protecteurs et soutiens de l’église.

Mme et M. Suzanne et René Pélissier n’ont pas donné d’interprétation. Ils mentionnent cependant que des références à l’Apocalypse pourraient être recherchées.

L’Apocalypse de Saint Jean chapitre 9 versets 13 à 21 concernant le sixième ange sonnant la trompette (donnée par Dieu pour tourmenter les non chrétiens) mentionne la libération de cavaliers maléfiques montant des chevaux à queue de serpent et à tête de lion crachant du feu ; verset 17 : « Ainsi, dans ma vision, j’ai vu les chevaux et ceux qui les montaient : ils ont des cuirasses couleur de feu, d’hyacinthe et de soufre ; les têtes des chevaux sont comme des têtes de lion ; de leurs bouches sortent du feu, de la fumée et du soufre. »
L’animal fabuleux et son cavalier pourraient faire référence à ces versets.

Quoiqu’il en soit, le message pour une scène de l’apocalypse surmontée d’une scène approbatrice et élogieuse du christianisme serait que la religion chrétienne protégée, organisée et dynamique aura raison du mal et de Satan.